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L’Amérique latine face au coronavirus

Dernière mise à jour : 7 janv. 2021


Avec plus de 400 000 morts du virus depuis le début de la pandémie, l’Amérique latine est la région du monde la plus touchée par la COVID-19. Les pays les plus affectés sont le Brésil, le Mexique et le Pérou, pays dans lesquels le nombre de morts du virus a atteint des sommets avec 195 819 décès pour le Brésil, 135 558 pour le Mexique et 37 773 pour le Pérou. Mais pourquoi ces chiffres désastreux, et quels effets sur les sociétés ?

C’est d’abord la faute à des systèmes de santé affaiblis, dans des pays où les meilleurs hôpitaux sont privés et où l’accès à la santé est très inégal. Tout comme pour l’éducation, seuls les plus favorisés ont accès à des services privés de qualité, ce qui ne fait qu’aggraver les inégalités socio-économiques et la crise économique déjà présente. Les infrastructures médicales publiques laissent à désirer avec un manque considérable de lits et d’équipements, ceci en partie à cause de la corruption, qui gangrène le secteur de la santé publique. Des projets de construction d’hôpitaux ont été laissés de côté par faute d’investissement public, les fonds dédiés à ces constructions étant souvent détournés et les médicaments revendus sur le marché noir à des prix exorbitants par des personnes peu scrupuleuses...


La corruption en Amérique latine est un fléau qui ne fait qu’amplifier la crise sanitaire, dans des pays pour la plupart déjà durement affectés par des crises politiques, économiques et sociales. La CEPAL (Commission économique pour l’Amérique latine et les Caraïbes) estime en effet à 4,5 % le taux de pauvreté dans la région. Dans des pays où le secteur informel est très important (il concerne 60% de la population active), les politiques de confinement et de couvre-feu ont mis à l’arrêt l’activité de beaucoup de personnes précaires, qui comptaient sur la rue pour survivre. Pour des milliers de vendeurs ambulants, chauffeurs de taxi, aides à domicile et autres travailleurs précaires, les restrictions mises en place par les gouvernements constituent la mise en péril de leur survie. Bon nombre d’entre eux n’ont pas d’épargne, et ont dû arbitrer entre risquer d’attraper le virus et de se faire verbaliser, ou cesser leur activité et risquer de mourir de faim. Au Mexique, s’ajoute un facteur aggravant : le surpoids et l’obésité qui touchent 70 % des adultes mexicains. En effet, d’après Le Monde, 73 % des personnes qui sont décédées du virus souffraient de maladies liées au surpoids.


L’insuffisance des aides proposées par les États a suscité de nombreuses manifestations et revendications politiques dans de nombreux pays. Au Brésil notamment, des milliers de personnes se sont réunies le 7 juin dernier pour protester contre la gestion de la crise. Le président Jair Bolsonaro a en effet suscité l’indignation suite à ses propos minimisant le virus et ses effets. La manifestation visait aussi à dénoncer ses positions racistes, tandis qu’au même moment, certains de ses partisans défilaient de leur côté pour soutenir Bolsonaro et protester contre le confinement.


Les effets de la crise sanitaire se font aussi ressentir au niveau économique. L’Amérique latine est connue pour ses paysages, sa culture et son patrimoine qui attirent chaque année des millions de voyageurs. La région a donc été particulièrement fragilisée par la chute des revenus liés au tourisme. Les professionnels de ce secteur avaient en effet dû cesser leur activité à cause de l’interruption des vols à destination de l’Amérique latine et la fermeture des sites touristiques pendant près de 8 mois.


C’est le cas de Cusco, ville du sud du Pérou. 70 % des revenus de la ville viennent du tourisme. Ses habitants vivent habituellement de l’artisanat local vendu au marché San Pedro, des locations d’hôtel et d’auberges de jeunesse pour les touristes ainsi que des circuits touristiques (visites guidées, transports). Étape clé avant la découverte du célèbre Machu Picchu, la ville a ainsi subi de pleine face les mesures de confinement et de restrictions. Le 8 novembre 2020, le Ministère de la Culture a permis la réouverture du site, à titre gratuit qui plus est (jusqu’au 31 décembre), pour faciliter le retour des visiteurs nationaux et étrangers. L’objectif est donc de permettre à la région de la Vallée Sacrée de retrouver un peu de son activité grâce au tourisme local, même si la crise a laissé derrière elle beaucoup de chefs d’entreprises et petits artisans poussés à la faillite.


A l’heure actuelle, la situation est toujours critique en Amérique latine malgré l’assouplissement de certaines restrictions. En Argentine, en Uruguay et au Venezuela, les frontières restent fermées aux touristes étrangers, tandis qu’au Pérou, au Brésil, en Bolivie et au Chili l’entrée se fait sous conditions. Partout, un confinement plus ou moins strict est encore en place afin d’endiguer la pandémie, et seule la découverte d’un vaccin constitue une lueur d’espoir.


Maïtena Larrecq


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