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Le sud de Gisèle Freund à la Maison de l’Amérique latine

Jusqu’au 7 janvier la Maison de l’Amérique Latine expose le regard intime de Gisèle Freund

sur la realité latino-américaine du milieu du 20ème siècle à travers sa relation avec

d’importantes figures de la littérature et la culture de l’époque.


Gisèle Freund, Bois Pétrifiés, Patagonie

©RMN - Grand Palais Gisèle FreundIMEC Service presse - Maison de l’Amerique latine


Gisèle Freund, née en 1908 et décédée en 2000, était une photographe, sociologue et

écrivaine germano-française. Intéressée dès son plus jeune âge aux questions sociales et

politiques, elle quitte son Allemagne natale et s’installe à Paris en 1933 en raison de ses

positions politiques. D’origine juive, elle sera contrainte d’émigrer peu après en Argentine,

fuyant l’occupation nazi. Depuis 1941 sur le continent américain, elle réalise de nombreux

reportages pour des magazines tels que Time, Life, La Nación, El Hogar et Novedades, et

couvre le continent pour la jeune agence Magnum.


La relation avec le monde littéraire et culturel émergent en Amérique latine


C’est une fois sur le continent américain qu’elle fera la rencontre d’écrivains et artistes qui

deviendront les visages les plus représentatifs de la littérature et de la culture lation-

américaines du 20 ème siècle. Octavio Paz, Vicente Huidobro, Julio Cortazar, Nicolás

Guillén et Susana Soca passent tou.te.s devant son objectif.


Mais pas seulement cela, le photojournaliste a également dépeint des moments très

importants sur le continent, par exemple, l’Argentine péroniste.


Or elle ne se limite pas aux hautes sphères culturelles, mais dépeint aussi des moments

charnières sur le continent, comme l’est l’Argentine Péroniste. En 1950, elle réussit à

plonger dans l’intimité d’Eva Perón, la femme du dirigeant argentin, et publie un de ses

reportages photographiques les plus controversés dans le magazine Life. Le reportage

montre la première dame exhibant ses bijoux luxueux et vêtements Dior, en grand contraste

avec la figure de défenseur des pauvres que le régime péroniste projetait d’Évita. Cette

polémique n’était pas mineure, allant jusqu’à déclencher un petit conflit diplomatique entre

Washington et Buenos Aires.


Son œil photographique s’est également posé un temps sur le Mexique et sa culture

artistique naissante. Envoyée au pays pour un reportage de deux semaines, elle y restera

deux ans. Intriguée par le mouvement muraliste mexicain, elle fait les portraits de figures

telles que David Alfaro Siqueiros et José Clemente Orozco. Accueillie par Diego Rivera et

Frida Kahlo dans leur maison de Coyoacán, elle photographie et filme à de nombreuses

reprises le muraliste, et établit une connexion profonde avec Frida, qui pose également

devant son objectif.


Gisèle Freund, Frida Kahlo Coyoacan, Mexique

©RMN - Grand Palais Gisèle FreundIMEC Service presse - Maison de l’Amerique latine


La relation avec les milieux naturels et sociaux de l’Amérique


Le profil photographique de Gisèle est fortement lié à sa formation sociologique, influencée

par Adorno lui-même, avec qui elle suit des cours à Francfort. Aussi, lors de son séjour à

Paris, elle relie les deux domaines dans sa thèse de doctorat qu’elle fait sur la sociologie de


L'image à la Sorbonne, intitulée « La photographie en France au XIe siècle ». Cette formation

et cette expérience la marquent pour son travail professionnel ultérieur. Comme elle le dit, «

j'ai été la première à faire une analyse sociologique de l'image ».


Cette réflexion et analyse sociologique de Gisèle s'est traduite dans les photographies

qu'elle a prises en Patagonie, au sud du continent, et à travers ses voyages en Amérique

centrale, notamment au Mexique. De cette dernière expérience est née la publication

Mexique Précolombien. La photographe se passionne pour l'art préhispanique, les traditions

populaires, et devient sensible à la modernité naissante du « Nouveau Monde ».

Plus tard, en 1991, Gisèle déclarera dans un interview que la photographie est un moyen de communication qui permet aux gens de se connaître : "J'ai cru que la photographie était un moyen merveilleux pour que les peuples se connaissent entre eux. (...) J’ai cru à cette utopie ; la connaissance des autres, de leurs différences, comme langage de paix entre les hommes. Car comment s’entretuer dès lors que l’autre n’est plus inconnu ? Ma tâche était donc, pensais-je, de participer à la paix du monde à travers la photographie… ».


Gisèle Freund, Femmes de Tehuantepec, Mexique

©RMN - Grand Palais Gisèle FreundIMEC Service presse - Maison de l’Amerique latine


L'exposition durera jusqu'au 7 janvier et l'entrée est gratuite. Avec 72 images réalisées

principalement entre 1941 et 1952, elle cherche à souligner l'importance de l'Amérique

latine, du Rio Grande à la Terre de Feu, dans la carrière de Gisèle Freund.


C'est une bonne occasion de faire connaissance avec cette artiste, journaliste et sociologue

tout en faisant la connaissance d’une partie de l'Amérique latine, au milieu du siècle dernier,

à travers l'objectif d'une femme européenne qui a tissé des liens avec cette terre pour

toujours.



**La plupart des informations présentées ici proviennent de l'exposition dans la Maison de l'Amérique

Latine. De nombreuses citations de Gisèle font partie "Gisèle Freund, Portrait, Entretiens avec Rauda Jamis, des femmes Antoinette Fouque, 1991”.

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