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LE VENEZUELA À L’AGONIE

Dernière mise à jour : 15 sept. 2018

Le Venezuela doit faire face à un drame économique depuis 2014 et la poursuite de la politique économique chaviste ne favorise pas un redressement de la situation. Le pays qui dépend à plus de 50% du pétrole voit sa production chuter depuis la dernière décennie, l’inflation atteint des taux records et le manque de biens de première nécessité menace la santé d’une population de plus en plus en colère.


La prise de pouvoir d’Hugo Chavez en 1999 a marqué le début d’un « socialisme du XXIème siècle » grâce à des mesures politiques en faveur des plus démunis.

Hausse du taux de scolarisation, lutte contre la malnutrition des plus jeunes, meilleure répartition des revenus, maintien du pouvoir d’achat par la hausse du salaire minimum, baisse du chômage et autres mesures certainement louables ont fait du Venezuela le pays le moins inégalitaire d’Amérique Latine avec un coefficient de Gini* - légèrement inférieur à la moyenne régionale - de 0,47 en 2017.

Mais la politique sociale du président Chavez s’est faite au détriment de sa politique économique. Les dépenses sociales ont été soutenues en grande partie par les revenus générés par le pétrole, qui représente 90% des exportations du pays.

Le président s’est reposé sur les recettes assurées par le commerce de l’or noir dont le pays regorge, et sur la hausse du prix du baril qui a été multiplié par 5 au cours de son mandat. Mais le manque d’investissement dans les infrastructures pétrolières a entraîné une chute sans précédent de la production depuis 2014 : elle est ainsi passée à moins de 2 millions de barils par jour avec, en parallèle, un développement quasi-nul d’autres activités économiques dans le pays.

Hugo Chavez a œuvré pour son peuple mais contribué à la dégradation considérable de la situation économique, et la nationalisation de 250 entreprises en 2010 a freiné l’engouement des investisseurs étrangers.

Une économie peu diversifiée dont souffre de plus en plus le Venezuela.

La poursuite de la politique chaviste par Nicolas Maduro se traduit par un maintien des dépenses sociales qui ne prend pas en compte le déficit de rentrées budgétaires, et la baisse de devises étrangères détenues par le pays ne permet plus d’importer une quantité suffisante de biens pour assurer l’approvisionnement des populations. Les biens de première nécessité sont de plus en plus rares et de plus en plus chers. La population ne mange plus à sa faim, les supermarchés sont vides, les médicaments négociés sur le marché noir.

Le climat social est pesant et prétexte au régime autoritaire mené par Maduro qui s’est auto-érigé en 2013 en successeur d’Hugo Chavez. Mais sa réélection opaque en 2018 est le résultat d’un taux de participation de 46% de la population résignée qui ne compte plus sur une révolution socialiste bolivarienne. L’insécurité augmente dans le pays et des milices sont chargées par l’État de veiller au maintien de l’ordre. Mais l’exaspération de la population se fait de plus en plus ressentir : près de 5 millions de vénézuéliens ont fui vers la Colombie de Santos qui mène une politique à l’opposée de celle de Nicolas Maduro.


La tentative de coup d’État par quelques membres de l’armée, et la tentative d’assassinat du président autoritaire le 4 août dernier traduisent un contexte politique tendu à l’intérieur comme à l’extérieur du pays, au vu des sanctions infligées par les Etats-Unis. Même les plus fervents chavistes commencent à douter de la politique de leur président.

Toute opposition au pouvoir est une prise de risque considérable pour sa liberté.

Leopoldo Lopez, ancien maire de Chacao à la tête du parti d’opposition Voluntad Popular (droite) avait été condamné à 13 ans de prison après avoir fait acte de reddition le 18 février 2014. Anti-chaviste de la première heure, privé à plusieurs reprises de ses droits politiques, il était en 2014 à la tête du mouvement « La Salida » (La Sortie) qui appelait au rassemblement pour faire chuter le régime en place. Il a finalement été libéré le 8 juillet 2017 et immédiatement assigné à résidence, au 100ème jour des manifestations contre le président Maduro qui l’accuse d’être « putschiste » et d’ « extrême droite ».


La situation est alarmante à tous les niveaux : politique, social et économique. Pour lutter contre la crise, le gouvernement a entrepris la mise en place lundi 20 août d’une nouvelle monnaie, le bolivar souverain, indexée sur le petro, une cryptomonnaie inventée par Nicolas Maduro pour faire face au manque de liquidités. Cette mesure devrait permettre de lutter contre l’hyperinflation, tout comme le projet de multiplication par 35 du salaire minimum.

Nicolas Maduro a reconnu l’échec de sa politique économique lors du congrès du Parti socialiste uni du Venezuela (PSUV), reste à prendre des mesures raisonnables pour redresser la situation.


Gaëlle Pécresse



Nicolás Maduro, président de la République du Venezuela

* Indicateur synthétique d’inégalité de salaire. Varie entre 0 et 1, où 0 représente une situation d’égalité parfaite et 1 la situation la plus inégale possible.

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