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Photo du rédacteurECIAPanthéonSorbonne

Les lignes de Nazca

Les lignes de Nazca, ces dessins gigantesques formés par des lignes aux motifs géométriques et aux formes animales, ont alimenté de nombreuses théories depuis leur découverte et fascinent encore aujourd’hui de par le mystère de leur création.


Retour sur l’histoire des lignes de Nazca, l’une des grandes énigmes d’Amérique du Sud.


Trip.com

Quand, par qui et comment ont-elles été formées ?


Les populations de Nazca, vivant en bordure des déserts côtiers du sud du Pérou (à près de 320 km au sud-est de Lima), sont les auteurs de ces étranges tracés disposés dans la région aride qui s’ouvre entre les contreforts de la Cordillère et une série de collines abritant des vents de sable. Elles ont été tracées en majorité par ce peuple, prospère entre l’an 1 et 700 ap. J.-C.


On dénombre au total plus de 800 lignes droites, 300 figures géométriques et 70 dessins d’animaux et végétaux (ou biomorphes). Certaines lignes droites courent sur près de 50 km, tandis que les silhouettes biomorphes mesurent entre 15 et 366 mètres de long (de taille équivalente à la hauteur de l’Empire State Building).


Mais comment ont-elles été réalisées, puisqu'elles ne sont pas lisibles au sol ?

Les lignes de Nazca sont des géoglyphes : des dessins réalisés au sol en déplaçant des pierres et de la terre afin de créer une image « négative ». Le sol est couvert de cailloux que l’oxyde de fer colore en rouge. En les ôtant, on fait apparaître un sol grisâtre, découpant ainsi les contours des figures qu'ils traçaient, ce qui explique que le promeneur distingue des sillons bordés de pierres. Ces lignes franchissent les ravins, escaladent les collines sans que leur forme ni la rectitude apparente des lignes en soient affectées. La maîtrise de ces vastes dessins -tel le Grand Condor qui atteint 120 m d’envergure- est souveraine : l’image obtenue à l’aide d’une ligne ininterrompue est à la précision d’un travail de géomètre.



Nationalgeographic.fr


Quand ont-elles été découvertes ?


Mentionnées dès le 16e siècle par le chroniqueur espagnol Pedro Cieza de Leon (1250-1254), les alignements et figures de Nazca ont surtout été dévoilés dès 1927 par des aviateurs péruviens comme l’anthropologue Toribio Mejia Xesspe. Étudiées à partir de 1939 par l’anthropologue américain Paul Kosok, c’est réellement avec les travaux de Maria Reiche, une mathématicienne allemande arrivée au Pérou en 1932, que ces dessins sont devenus universellement célèbres. Ces géoglyphes sont classés sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco depuis 1994.


Plus récemment, en 2019, des scientifiques japonais ont identifié la présence de 143 géoglyphes dans les arides pampas de Nazca et Jumana. Peu visibles à l’œil nu à cause de leur gigantisme, et surtout de l’érosion qui les efface au fil des ans, ces motifs monumentaux ont été relevés à partir d’images en haute résolution et d’enregistrements laser scanner 3D réalisés en 2018. Des représentations d’êtres humains, de plantes et d’animaux tels que serpents, poissons, oiseaux et lamas ont ainsi été distingués. Très satisfaits des résultats, les chercheurs envisagent surtout "de continuer à utiliser l’intelligence artificielle pour rechercher de nouvelles figures".



Paul Kosok et Maria Reiche, The Maria Reiche Fondation


A quoi servaient ces graphismes géants dans le désert ?


Cette question a longtemps laissé les archéologues perplexes. Simples œuvres d'art, messages destinés aux dieux, calendrier astronomique ou encore piste d'atterrissage pour vaisseau extraterrestre, de nombreuses théories plus ou moins crédibles ont circulé au sujet des lignes de Nazca.


Une hypothèse se distinguait à l’origine, celle de l’astronomie. Comme l’américain Paul Kosok, la mathématicienne allemande Maria Reiche (qui a consacré la majeure partie de sa vie à l'étude archéologique et à la préservation du site) avait vu dans ces géoglyphes des instruments de mesure du mouvement des astres. Les droites servaient à noter des observations astronomiques et les dessins zoomorphes correspondaient à une représentation zodiacale du cosmos.


Si les pistes les plus extravagantes ont été écartées, que les archéologues n'ont pu confirmer aucune des hypothèses avec certitude et qu’il est pensé que les lignes n'auraient pas forcément eu une fonction unique, l’hypothèse aujourd’hui partagée par la majorité des spécialistes est tout autre.

En 1926, l’anthropologue péruvien Toribio Mejia Xesspe avait lui entrevu dans ces alignements un système de chemins sacrés empruntés lors de cérémonies. La présence d’offrandes laisse également penser aujourd’hui que les tracés étaient plutôt un moyen d’invoquer les divinités. Cette théorie est renforcée par la symbolique cachée derrière les figures représentées telle que l'araignée symbole d'eau et de fertilité.



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Situées dans une région très aride, où il ne pleut qu’environ 20 minutes par an, l’eau était à l’évidence un facteur important : « la plupart des lignes ne sont pas dirigées vers un point situé sur l’horizon géographique ou céleste, mais plutôt en direction de lieux où étaient pratiqués des rituels afin de demander de la pluie et de bonnes récoltes », écrit Johan Reinhard dans son livre intitulé Les lignes de Nazca : un regard nouveau sur leur origine et leurs significations. Elle est aussi appuyée par le fait que les géoglyphes ont semblé devenir plus nombreux à une époque où les populations faisaient face à des changements climatiques rendant l'eau plus rare. “Les lignes droites et les trapézoïdes sont associés à l’eau… Ils ne servaient pas à trouver de l’eau, mais étaient plutôt utilisés dans le cadre de rituels.”



Camille Doux



Sources :







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